Le vacher du pétrole

Le cow-boy solitaire, le métayer beau gosse, qui monte les mustangs aussi bien que les plus belles Texanes harnachées comme des pouliches démentes : Ray Krebbs est le bâtard des Ewing, l’oublié de la fortune, qui passe ses journées à tenter d’oublier lui aussi sa condition de prolétaire en chef du ranch. A lui, les vaches, les chevaux et l’entretien des plaines arides qui entourent Southfork, la demeure familiale des Ewing. Ray n’y a pas de résidence. Il habite plus loin, dans une baraque en bois, décorée à la va-vite. Il y mène une vie de moribond, à l’ombre des puissants. Dans une autre existence, Ray aurait pu être le beau James Dean de Géant, donnant la réplique à Rock Hudson, alias JR. Malheureusement pour lui, il a juste oublié de trouver son propre puits de pétrole, ou alors de crever jeune. Ray s’est tapé la petite Lucy, la benjamine de la famille, qui le suçait dans sa camionnette tous les matins, pendant qu’il l’accompagnait à l’école. Le soir, après les cours, il la roulait dans la paille de l’étable: sans doute sa manière de se venger de la famille. Ray s’est aussi tapé Pam, avant son mariage avec Bobby. Ray, en fait, c’est le boute-en-train des Ewing, celui qui chauffe les femmes de la famille, qui entretient leur forme et leur appétit. D’ailleurs, lorsqu’il épousera Donna, lorsqu’il aura une femme bien à lui, Ray ne pourra pas s’en dépêtrer: trop belle, trop riche, trop amoureux, il ne la supportera pas vraiment, devenant vite alcoolique, histoire de trouver une excuse à son impuissance larvée. Comme tous les autres habitants de Southfork, Ray essaie désespérément de n’être qu’un archétype complexe. Malgré tous ses efforts, il n’y parvient pas, malgré la télé, il est plus humain qu’il n’y paraît.

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