Bill déboule

S’il a accepté, c’est qu’il était « trop vieux pour Survivor ». De fait, Bill Clinton fait presque figure de jeunot dans l’équipe de 60 Minutes, le magazine d’info phare de la chaîne CBS, dont les quatre journalistes vedettes affichent 72 ans d’âge moyen. C’est à Don Hewitt, le producteur de l’émission, lui-même âgé de 80 ans, que revient l’idée d’associer l’ancien président et Bob Dole, son challenger de 1996, pour deux minutes de débat hebdomadaire. Dole a été plus facile à convaincre, admettant spontanément qu’en dehors des soubresauts d’une carrière publicitaire pour Pepsi puis Viagra, il n’a plus tellement d’occasions de passer dans Je poste.

Confronté à une désaffection du public (créée il y a trente-cinq ans, l’émission a quitté le classement des meilleures audiences pour la première fois l’an dernier), 60 Minutes se devait de réagir. Quitte à y mettre le prix : 100 000 dollars hebdomadaires pendant dix semaines, pour deux interventions totalisant un peu plus d’une minute d’antenne. Le magazine avait déjà expérimenté la formule dans les années 70 : un commentaire de 45 secondes de l’un, la répartie de l’autre sur la même durée, puis 15 secondes de droit de réponse pour chacun.

« Si ça ne marche pas, les gens pourront dormir », avait prévenu Clinton. « Mais la sieste sera courte », ajoutait Dole. Le résultat du premier Clinton/Dole n’a pas été très loin de ce pronostic, et ces deux minutes très attendues n’ont pas été des plus explosives. Pour cette première semaine, c’était à l’ex-président de déterminer le sujet. Son choix : ‘’Est-ce bien de baisser les impôts en temps de guerre ?’’

Fox News« Jamais auparavant, on n’a vu de baisse d’impôts en période de crise nationale », attaque le beau parleur du parti démocrate. Dole lui rétorque que ‘’c’est une guerre pour protéger le mode de vie américain’’: Le format de la séquence ne les fait jamais apparaître à l’écran en même temps, les empêche de s’interrompre. Du velours à l’heure du catch politique mis à la mode par la chaîne d’info Fox News.

Voilà le tout plié en moins de 2’30. Frileux… L’ancien président et son challenger sont sur un plateau et ils ne débattent même pas de la pertinence d’une entrée en guerre. Resté, faute de mieux, la figure de proue des démocrates, Clinton n’a pas osé s’attaquer à un sujet aussi tabou et diviseur au sein de son camp. Bob Dole a lui aussi respecté les lignes directrices du parti républicain. Rien que du très convenu. Les écouter parler de leurs vies respectives d’époux de sénatrices aurait probablement eu plus de piquant.

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