Le premier jour, lorsqu’il est arrivé â l’Ecole supérieure des métiers de la dictature, Saddam Hussein n’avait pas d’affaires, bien SÛT. Dans son sac US quasi vide, seule une trousse se baladait. Il s’est assis discrètement et a écouté le prof faire l’appel. La journée s’est passée normalement; il s’agissait surtout de faire connaissance et de noter la liste des fournitures. En numéro 1 sur la liste, et le prof avait insisté là-dessus, on trouvait une paire de rideaux. Autant dire que les trois années d’études promettaient! Nos apprentis venaient là pour devenir des tortionnaires sanguinaires et on commençait par EMT option déco intérieure. Mais bon, l’enseignement à ses mystères, et le lendemain, Saddam, en bon élève, avait ses rideaux. Et depuis, il ne les a plus jamais oubliés. Les années ont passé mais les recettes apprises à l’école en matière de communication sont toujours là. Qu’il rencontre les hommes de sa garde rapprochée ou qu’il réponde à une interview du journaliste de CBS, Dan Rather, Saddam ne déroge jamais à la règle: NE JAMAIS SE LAISSER FILMER LES RIDEAUX OUVERTS. Car le prof avait insisté là-dessus: « Si une caméra se trouve dans la pièce, fermez les rideaux! Grâce à ces images et à la vue qu’offre votre fenêtre, un œil avisé pourrait vous localiser. « Voilà pourquoi, sur nos écrans, le dictateur irakien apparaît toujours dans des endroits clos, non identifiables, seulement éclairé par des néons. Lumière naturelle, ne connaît pas! TI n’est pas le seul, d’ailleurs. Son copain de promo, Slobodan Milosevic, n’agissait pas autrement durant la fin de la guerre du Kosovo et les bombardements sur Belgrade. Les images envoyées alors par la télévision serbe montraient surtout que l’industrie du tissu se portait à merveille là-bas et que la collection du dictateur était assurément une des plus belles. Quatre ans plus tard, c’est de sa prison de La Haye que Milosevic doit contempler la collection de Saddam Hussein. Devant les rideaux, derrière les barreaux.