Amarcord

« Amarcord » est un vieux mot d’un dialecte italien complètement oublié et qui signifie « je me souviens ». Et c’est vraiment un film de souvenirs, d’impressions, d’images échappées de la mémoire de Fellini.Amarcord A travers le regard de Titta, un garçon de quinze ans issu d’une famille italienne type, « Amarcord » raconte donc la vie d’une petite ville de province dans les années trente. Pendant une année. D’un printemps à un autre printemps. Ce pourrait être également n’importe quel gros bourg de la Romagne. En partant de ses seules réminiscences de gosse, il nous donne là un véritable portrait du genre humain tout entier. Pas de scénario rigide, ni d’intrigue qui nous tienne en haleine d’un bout à l’autre du film, mais un prodigieux assemblage de petites scènes qui, mises bout à bout, semblent reconstituer la vie quotidienne de la planète. Ce petit village inconnu est un monde en résumé. Un monde à lui tout seul avec ses riches, ses pauvres, ses ambitieux, ses méchants, ses cons. Tous les habitants sont tellement typés qu’on a nettement l’impression de les avoir déjà croisés dans notre propre vie. « Amarcord » a des allures de chronique. On découvre cette petite ville jour après jour. Chaque saison a ses rites. Chaque personnage ses habitudes, ses tics. Petit à petit on rentre dans leur intimité. Avec eux on se promène l’été sous les arcades ou du côté du grand hôtel. On flâne près du cinéma Fulgor le samedi soir pour apercevoir « la Gradisca », la beauté du pays, une jeune femme de trente ans qui roule des hanches comme personne. On part en pleine mer pour apercevoir au large du littoral un énorme transatlantique, « le Rex ». On se rend également sur la grand ‘place pour entendre le discours de l’envoyé de Mussolini… En nous parlant ainsi de sa ville, Fellini se retourne sur sa jeunesse, sur son passé et celui de tous les Italiens. C’est l’inspiration à l’état pur, le plus bel exercice de mémoire que le cinéma nous ait jamais donné. Une fabuleuse leçon de cinéma aussi. S’il n’avait dû tourner qu’un seul film dans sa vie. Fellini aurait sûrement choisi celui-ci. Nous aussi !

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*