Rue Case-Nègres

Rue Case-NègresDeux importantes récompenses au dernier Festival de Venise (le Lion d’argent et le Prix d’interprétation féminine à Darling Legitimus) pour ce premier long métrage mis en scène par une ex réalisatrice de la télévision martiniquaise. Martinique 1932 : la rue Cases-Nègres n’a de rue que le nom. C’est une triste allée de terre battue tracée au beau milieu d’une plantation de cannes à sucre exploitée par les Békés (les Blancs). Pas de maisons mais deux rangées de pauvre baraque délabrées entre lesquelles traînent des gosses. Ils profitent que les adultes sont aux champs pour se chamailler. L’un d’eux reste à l’écart de cette bande de petites canailles dont les jeux pas toujours innocents. Il s’appelle Jose. C’est un gamin calme, studieux, élevé depuis toujours par sa grand-mère, M’man Tine. La vieille femme sue sang et eau pour offrir à son petit fils une vie décente; pour lui permettre d’échapper à la rue Cases Nègres. Premier objectif : le certificat d’études. Puis le concours des bourses à Fort de France. Puis le collège… Par étapes successives, au fur et à mesure de ses succès scolaires, l’existence de Jose se transforme. Il quitte la plantation pour le village tout proche. Ensuite, le village pour la grande ville. Jusqu’au jour où sa grand-mère décide de remonter aux champs de cannes à sucre… pour la dernière fois. Le film d’Euzhan Palcy se situe aux antipodes des idées reçues sur le colonialisme. Aucun exotisme gratuit, aucun cliché, aucune image carte postal. Si, comme l’affirme la réalisatrice, de vraies rues Cases-Nègres existent encore à la Martinique (et ailleurs dans le monde évidemment), son film mérite bien d’être vu et revu plusieurs fois pour nous éviter d’avoir trop rapidement bonne conscience.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*