La communion solennelle

La communion solennelleAprès son « Histoire de Paul » (programmé récemment à la TV), René Féret a réalisé cet ambitieux projet à l’occasion d’une communion solennelle, et du grand repas qui s’ensuit, remonter dans le temps pour nous conter l’histoire d’une famille à travers le Nord, l’Artois et la Picardie. Cela commence au crépuscule du 19ème siècle. Un paysan, un négociant et un mineur, forment les trois souches de l’arbre généalogique que nous allons voir s’épanouir. Mais attention, « Ne cherchez pas à savoir qui est celui-là, qui est la femme de tel autre, pourquoi le fils de celui-ci ne porte pas le nom de son père… » chante Serge Reggiani tout au long du film… On est loin des dynasties romanesques et de leur enflure douteuse. Au service de ce projet rigoureux, des silhouettes de détachent, forçant notre sympathie ou piquant notre curiosité Myriam Boyer en petite coiffeuse, Marcel Dalio en vieillard indigne et pleurnichard, etc. On est intrigué par certaines situations, pièces perdues d’un puzzle qui restera inachevé, mais qui compose le tableau en pointillé d’une France provinciale et de ses mœurs. Une comédie humaine, animée par soixante acteurs, la plupart non professionnels.

Le dernier nabab

Le dernier nababA quelques rares exceptions près (« La nuit américaine » de Truffaut par exemple), les films consacrés au monde du cinéma ont tous été ratés. Avec celui-ci, adapté d’un roman de Francis Scott Fitzgerald, Elia Kazan nous donne l’une des plus belles évocations concernant le cinéma, ayant pour cadre Hollywood et, comme personnages, ces grands gourous qu’étaient les producteurs. Le héros de ce film, Monroe Stahr (Robert de Niro) est directement inspiré du personnage d’Irving Thalberg, directeur de production à la MGM dans les années trente. Considéré comme un génie par le directeur de la compagnie qui le jalouse en secret, Monroe n’a connu jusqu’alors que des succès éclatants. Cependant, la mort de sa femme (une actrice de premier plan), l’a condamné à une profonde solitude. Une nuit, alors qu’il rôde sur les plateaux, il entrevoit une silhouette juchée sur un décor de carton-pâte. Monroe va s’éprendre de cette jeune fille qui lui rappelle son épouse. Petit à petit, il va négliger son travail, alors que le studio compte vraiment sur lui pour régler un conflit interne : une « mutinerie » des scénaristes. Tout s’effondre autour de lui: son pouvoir, son génie, ses amours. « Le dernier nabab » est en quelque sorte un testament artistique à trois dimensions ; en effet, dans cette histoire se superposent les souvenirs autobiographiques de Scott Fitzgerald, d’Irving Thalberg et d’Elia Kazan, trois hommes qui on marqué, chacun à sa façon, l’art et la pensée des cinquante dernières années. Volontairement, le metteur en scène n’a pas succombé à la facilité qui consistait à donner à son film un air rétro. Il a gommé tout aspect « reconstitution d’époque » au profit d’une peinture juste et implacable de la société américaine vue à travers le monde du cinéma. Méconnu du grand public, ce film est un modèle de perfection, en mémoire et à la gloire de la grande épopée hollywoodienne. Un apéritif vidéo idéal pour tous les amateurs de « La dernière séance ».

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