Le Doulos

Le DoulosNous vivons un drôle d’époque. Quand Belmondo joue « Le marginal », c’est bel et bien un flic qui se dissimule sous ce surnom, un commissaire-divisionnaire de surcroît. Vingt ans plus tôt, en pleine Nouvelle Vague. Bébel jouait les voyous désinvoltes pour Godard, les indics miteux pour Melville… Car c’est le sens du mot doulos, paraît-il, dans l’argot du milieu : un chapeau, donc celui qui en porte un, donc un indicateur – logique lumineuse et digne de Melville, personnage sombre et cinéaste du mystère. Admirateur éperdu du thriller américain, il le reconstitue ici dans ses moindres détails. Une mécanique admirablement huilée, dont chaque rouage est un comédien d’envergure : de Reggiani (dont ce fut le brillant come-back après sa traversée du désert) en truand tragique, à Piccoli en patron de boîte de nuit assez louche, en passant par Jean Desailly impeccable en policier… Vingt ans ont passé, « Le doulos » est devenu un classique.

Les trois jours du condor

Les trois jours du condorImaginez-vous que tous les espions sont des tireurs d’élite en smoking, façon James Bond 007? Grave erreur : la CIA, par exemple, fonctionne comme une multinationale aux activités disséminées dans une multitude d’officines, comme cette anodine « Société d’Histoire américaine » où travaille Joseph Turner, romancier sans succès. Celui-ci découvre par hasard l’existence d’un réseau clandestin à l’intérieur de la CIA ! Dangereuse découverte, qui provoque un massacre : seul, parmi ses collègues, à en réchapper, Turner, alias Condor, c’est-à-dire le séduisant Robert Rad-tord, va tenter de faire éclater la vérité, en risquant sa peau… Traqué par le redoutable tueur du réseau parallèle (Max von Sydow), il ne sera aidé que par une femme, Kathy (Faye Dunaway). Thriller efficace, violent, inquiétant, « Les trois jours du Condor » marqua une étape dans la collaboration Redford-Pollack, tandem brillant du nouvel Hollywood. Il s’agit pour eux de démystifier une certaine Amérique trop sûre d’elle et de son bon droit, et une CIA flirtant avec le crime au nom de la raison d’Etat. C’est dire que ce film d’action, au suspense haletant, est également un film politique capital.

Hammett

HammettSan Francisco 1928: à 34 ans, Dashiell Hammett a déjà l’allure d’un vieillard. La tuberculose, aggravée par l’excès d’alcool et de tabac, a laissé des traces indélébiles sur son organisme. A cette époque, il concentre tous ses efforts sur son travail d’écrivain dont il vit chichement. Depuis six ans, Dash a quitté l’agence Pinkerton, mais il a gardé de son ancien métier de détective privé une droiture, une acuité et une vigilance sans failles. Il termine une nouvelle lorsque son ancien partenaire, Jimmy Ryan, survient et lui reproche de l’utiliser dans les romans qu’il écrit. Ryan lui demande également de l’aider à retrouver une jeune Chinoise mystérieusement disparue. Voilà comment Hammett reprend du service… Tout au long de son enquête, il va observer et noter tout ce qui se passe autour de lui. Plus tard, retourné à sa machine à écrire, il va se remettre en mémoire tous ces détails. C’est alors qu’il commence à taper les premières pages du « Faucon de Malte »… Il aura fallu quatre années de production pour que ce film voit le jour et près de quarante scénarios différents. A l’évidence, on sent tout au long de la projection que cette histoire n’a pas été le fruit d’une parfaite entente entre son réalisateur, Wim Wenders, et son producteur mégalo, Francis Coppola. Malgré tout, la réussite plastique du film est parfaitement rendue grâce à l’utilisation d’un fabuleux décor de studio reconstituant ce San Francisco imaginaire rendu célèbre par tous les auteurs de polars. Reste tout de même, malgré la confusion de l’intrigue, un merveilleux hommage au plus grand écrivain de romans noirs

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